Le gouvernement lance une consultation publique pour adapter la France au réchauffement climatique. Elisabeth Borne a présenté des pistes pour tenter de réduire de 50% les émissions de gaz à effet de serre. Olivier Royer, porte-parole d’EELV dans la Drôme, était invité de France Bleu ce mardi matin.
En 2030, la France devra avoir diminué ses émissions de gaz à effet de serre de 50% par rapport au niveau de 1990, ce sont les nouveaux objectifs fixés par l’Union européenne. Elisabeth Borne a présenté un plan qui répertorie les pistes les plus crédibles pour y parvenir. La Première ministre vise en premier lieu les transports (passage aux voitures électriques, amélioration des transports en commun, développement du covoiturage et du télétravail), puis le logement (rénovation énergétique des bâtiments, interdiction des chaudières au fioul et disparition progressive de celles au gaz). Une “décarbonation” des sites industriels est aussi attendue.
France Bleu Drôme Ardèche – Le gouvernement lance une consultation publique aujourd’hui. Consultation publique jusqu’à la fin de l’été pour établir un nouveau plan de résilience face au réchauffement. Vous allez participer à cette consultation?
Olivier Royer – On y participera certainement, mais sans illusions. J’allais dire comme d’habitude depuis plusieurs années avec ce gouvernement. Quand il y a un problème, on crée des numéros verts. Quand il y a des problèmes plus importants, on crée par exemple une commission citoyenne sur le climat et toutes ses conclusions ne sont pas prises en compte, alors que certaines, justement, auraient pu déjà commencer le travail sur cette question du dérèglement climatique pendant l’hiver.
Elisabeth Borne a présenté des mesures hier, vous en dites quoi ?
Olivier Royer – Enfin, c’est quoi ces mesures, à part nous dire “Ah bah on va, on va rehausser notre ambition à moins 50 % de gaz à effet de serre alors qu’on n’y arrive pas déjà et tout le monde le dit. Toutes les associations, les ONG et même les grands corps d’Etat disent qu’on n’arrivera pas aux objectifs qui avaient été fixés précédemment. Où sont les mesures? Les mesures concrètes? Elles n’existent pas aujourd’hui sur ce plan.
Quand on dit qu’on va rénover les logements, changer les vieilles chaudières, favoriser le transport électrique, ça c’est concret quand même, non ?
Olivier Royer – Ce sont des annonces. Où est le concret? Où sont les fonds qui vont nous permettre justement de massivement rénover les transports publics? Où sont les fonds pour aller former les personnes qui vont rénover nos logements? Aujourd’hui, sur la vallée de la Drôme il faudrait 200 artisans de plus pour atteindre les objectifs qu’on se fixe. Donc c’est pas simplement des effets d’annonce comme d’habitude qu’il faut, c’est mettre de l’argent dans la formation, mettre de l’argent dans les rénovations thermiques.
Vous avez bien vu la manière dont ils ont annoncé les choses. Il n’y a pas d’argent supplémentaire.
Il y a des milliards qui disparaissent chaque année de notre territoire, qui ont été produits par les travailleurs en France et qui se retrouvent dans les paradis fiscaux. Combien de cadeaux on a fait aux entreprises? Combien de cadeaux on fait aux ultrariches qui détruisent plus la planète que nous sur les territoires?
Il y a deux scénarios qui ont été présentés hier concernant un réchauffement à plus deux ou plus quatre degrés d’ici 2100 en France. Vous dites quoi par rapport à ça?
Olivier Royer – Moi, je suis un peu déprimé de ces annonces qui se succèdent du gouvernement. Et alors? Qui prend les décisions qui vont dans le bon sens? Christophe Béchu appelle le scénario +2° “optimiste” par rapport au scénario pessimiste +4°. Mais plus deux degrés, c’est déjà terrible sur notre territoire. La sécheresse qu’on a vécue dans la vallée de la Drôme a été terrible et cette année rien n’est fait. Je parlais de la convention citoyenne sur le climat tout à l’heure. Pourquoi les 110 kilomètres/heure sur autoroute n’y sont pas dès aujourd’hui?
C’est le même gouvernement qu’on a depuis 6 ans. Et moi, je vois rien qui a changé par rapport à ça. C’est toujours de la poudre aux yeux. Donc il y a un moment, ça suffit.