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Gouvernement : Des cadres macronistes poussent pour un remaniement d’ampleur

C’est une petite musique de fond qu’on entend au moins depuis le 49.3 sur les retraites, à la mi-mars : celle d’un remaniement gouvernemental. Pas mise en application alors, l’idée revient dans les conversations à mesure que l’on s’approche du 14-Juillet et de la fin des « 100 jours » annoncés par Emmanuel Macron mi-avril, pour reprendre la main après la crise née de la réforme. « Il veut remanier, et largement, avant même le 14-Juillet », croit d’ailleurs savoir une cadre de la majorité.

Donnée cramée par cette séquence des retraites, la Première ministre, Élisabeth Borne, est dure au mal et fait de la résistance. Même si les dernières semaines ont montré à quel point les relations entre les deux têtes de l’exécutif ne sont pas toujours fluides : sur l’usage du 49.3, sur la lutte contre l’extrême droite, Élisabeth Borne s’est, à plusieurs reprises, faite reprendre par Emmanuel Macron.

« 80 % du gouvernement est incapable d’imprimer »
Chez les supporteurs et supportrices de la Première ministre, on jure que cela ne compte pas, et que son travail finira par payer. La rumeur annonce le président LR du Sénat, Gérard Larcher, à la tête d’un prochain gouvernement. « Parfait », osent presque les mêmes, car il est occupé jusqu’aux élections sénatoriales, à l’automne. Du temps, c’est toujours ça de gagné. Et des soutiens, la cheffe du gouvernement n’en manque pas en macronie. En vérité, celles et ceux qui militent pour un remaniement d’ampleur ne la visent pas directement : « Elle est appréciée de la majorité, elle délivre, elle tient le cap », explique par exemple Mathieu Lefèvre, député Renaissance du Val-de-Marne. En gros, elle tient la baraque. Et puis y a-t-il vraiment mieux ? « Personne ne peut dire qu’en nommant (Gérard Larcher) il ramène 35 députés LR sans en perdre dans la majorité », explique une autre.

Dans l’entourage d’Aurore Bergé, la présidente du groupe Renaissance, ou chez certains ministres en vue, qui ne sentent donc pas en danger, on plaide pour un changement de fond en comble. « 80 % du gouvernement est incapable d’imprimer. Toutes les séquences ne peuvent pas emmener au président de la République », persifle un député, qui ne cite que « Gabriel [Attal], Bruno [Le Maire] et Gérald [Darmanin] » comme ministres qui « impriment ». « Il faut être lucide, il y a des problèmes à plein d’endroits du gouvernement. Il y a un défaut d’incarnation, abonde une cadre. Et s’il n’y a pas de portage politique de nos réformes, les Français ont l’impression qu’on ne fait rien ! »

Un gouvernement si attractif ?
Pour régler ce problème, un proche d’un ministre important croit qu’il faut « remettre de la politique à tous les étages ». « On a la vie politique la plus dure depuis des années et face à ça, on a des ministres de la société civile qui n’ont jamais vu un Parlement… » Certains en auraient même peur : « Pap [Ndiaye, le ministre de l’Education nationale] en est terrifié. Il a une peur panique des questions au gouvernement… », déplore une cadre citée plus haut. Très bien, sauf que depuis six ans qu’elle est au pouvoir, la macronie ne s’est pas distinguée par l’étendue du personnel disponible pour entrer au gouvernement, ni par le caractère très « politique » des heureux élus.

Dans l’entourage d’Aurore Bergé toujours, on a une solution toute trouvée : faire rentrer en masse des députés et députées Renaissances, notamment celles et ceux élus en 2022, jugés au niveau : « Nous avons des tas de députés bien plus visibles que des ministres actuels ! Pendant les retraites, une quarantaine ont fait des médias nationaux sans un couac ou un bug. On a des gens bons et qui bossent », explique un proche de la présidente du groupe Renaissance. On ne se gêne pas pour donner des noms : Guillaume Kasbarian au Logement, Sacha Houlié aux Outremers, Maud Bregeon au porte-parolat, Florent Boudié aux Relations avec le Parlement, Marc Ferracci, Astrid Panosyan-Bouvet…

Voudront-il y aller ? Dans une Assemblée nationale qui a retrouvé si non du lustre, au moins de l’intérêt, et peut-être de l’influence, certains ont l’impression qu’entrer au gouvernement serait regagner l’ombre. Au cours des derniers mois, on n’a pas toujours senti un grand enthousiasme au sein de cette nouvelle génération à l’idée d’intégrer l’équipe Borne. « Quitter ma place pour devenir secrétaire d’Etat à la Mer… », souriait un autre cadre de la majorité, il y a quelques mois, à la question de journalistes. C’est sans doute une autre affaire quand c’est le président qui vous pose la question.