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Accord entre Macron et LR, qui a le plus à gagner… et à perdre ?

Une figure LR à Matignon ? « De la pure fiction », a répliqué mercredi Eric Ciotti sur France info. Alors que les rumeurs d’un remaniement à venir s’intensifient, le patron des Républicains a balayé toute nomination LR au poste de Premier ministre. Mais la possibilité d’un accord gouvernemental entre la droite et l’exécutif agite bien la classe politique depuis plusieurs semaines. Selon franceinfo, Renaissance aurait même convoqué ses cadres pour discuter, le 21 juin prochain, d’une éventuelle alliance. Le sujet risque aussi de planer sur les « états généraux de la droite », organisés par LR ce samedi à Paris. Quels seraient les avantages et les inconvénients d’un tel mariage entre les deux camps ?

Pour le camp présidentielle
L’avantage : enfin une majorité !

C’est le cauchemar qui empoisonne le quotidien de la macronie depuis bientôt près d’un an. Faute de majorité absolue à l’Assemblée, le camp présidentiel connaît de vives turbulences dans l’Hémicycle, notamment sur la réforme des retraites. Le rapprochement avec la droite permettrait donc – dans l’idéal – de rallier les 62 députés LR et de s’offrir une nette majorité. Un mouvement stratégique bien utile pour passer les difficiles textes à venir, sur l’immigration ou la fin de vie.

« Il y a des points communs entre LR et Renaissance », dit régulièrement Jean-Pierre Raffarin, l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac. C’est également l’avis d’Edouard Philippe, qui poussait encore ces dernières semaines pour un tel rapprochement. « Quand on n’a pas une majorité absolue, on doit en construire une. Le débat sur les retraites montre qu’une masse non négligeable d’élus LR s’inscrivent dans le bloc central », assurait-il au Figaro. Reste une interrogation de taille : quelle personnalité à Matignon pourrait diriger cette nouvelle majorité ?

L’inconvénient : une perte d’influence

Pour convaincre le parti d’Eric Ciotti d’un tel rapprochement, Emmanuel Macron serait sans doute contraint de nommer une personnalité forte de la droite comme Premier ministre. Gérard Larcher, le président du Sénat, est l’un des noms souvent cités dans la presse. Mais donner Matignon à LR entraînerait une perte d’influence indéniable des macronistes. « Il faut arrêter de donner tant d’importance à LR. Ils en profitent alors qu’idéologiquement, ils sont loin d’être alignés avec nous », soupire un député MoDem, rappelant que l’ancienne candidate LR, Valérie Pécresse, n’avait récolté que 4,78 % à la dernière présidentielle.

Négocier avec les chefs à plume LR ne serait d’ailleurs pas une garantie d’obtenir ensuite les voix du groupe, comme l’a montré le récent exemple des retraites. « Ciotti est incapable de nous proposer une majorité car il ne tient pas ses troupes. L’alliance ne peut pas exister car une partie de la droite n’en veut tout simplement pas », grince un député Renaissance.

Pour les Républicains
L’avantage : peser sur l’action gouvernementale

Quelques poids lourds de LR, tels Jean-François Copé ou Rachida Dati, poussent pour un accord gouvernemental avec Emmanuel Macron. L’exemple récent sur l’immigration montre que la droite peine toujours à peser sur les choix de l’exécutif. Les deux propositions de loi présentées par les chefs LR, aux mesures très strictes, ont été accueillies plus que froidement par les membres du gouvernement.

Une alliance avec la macronie permettrait alors de récupérer quelques postes au gouvernement et de peser bien plus fortement sur les textes à venir. La droite peut « imposer un certain nombre » de ses idées dans ce « pacte », défend notamment le maire LR de Meaux. Les défenseurs de cette stratégie, dont un certain Nicolas Sarkozy, estiment qu’elle peut remettre la droite sur les rails du pouvoir, qu’elle a quitté depuis maintenant plus de dix ans. Un retour au service pas anodin avant de livrer la bataille présidentielle de 2027.

L’inconvénient : la dissolution dans le macronisme

C’est la crainte des élus LR : que la droite s’efface dans le macronisme une fois l’éventuelle alliance entérinée. « Dans la très grande majorité du groupe, on estime qu’Emmanuel Macron a abîmé le pays sur l’autorité de l’Etat ou les finances publiques, souffle Eric Pauget, député LR des Alpes-Maritimes. S’allier avec Macron voudrait dire cautionner ce qui a été fait jusqu’ici. Ce serait intégrer que la droite républicaine est morte et n’a pas d’avenir », ajoute-t-il.

Même constat chez l’élu du Liot Aurélien Pradié : « Macron a un rapport délétère au pays. Si nous nous effaçons derrière lui, les seuls qui incarneront encore des repères stables seront l’extrême droite et l’extrême gauche. L’alliance serait un poison mortel ». Et si cette piste est dans toutes les têtes depuis plusieurs semaines, rien ne dit qu’elle permettrait de résoudre la crise politique actuelle.