À quelques jours des élections législatives, le Rassemblement National (RN), mené par Jordan Bardella, traverse une période de flottement. Bien que largement en tête des sondages pour les scrutins des 30 juin et 7 juillet, le parti semble recalibrer son programme. Jordan Bardella a récemment admis qu’il faudra « faire des choix », remettant en question certaines mesures phares comme l’abrogation de la réforme des retraites.
L’abrogation de la réforme des retraites, qui repousse l’âge de départ à 64 ans, était un pilier du programme du RN depuis 2023. Toutefois, Jordan Bardella a récemment déclaré que cette abrogation ne serait plus une priorité immédiate. Après plusieurs jours de flottement, il a rectifié le tir, promettant une abrogation à l’automne. Cependant, cette promesse est en contradiction avec l’allié du RN, Éric Ciotti, qui prône une retraite à 65 ans, ajoutant à la confusion autour du message économique du parti.
D’autres mesures économiques du RN subissent également des révisions. La suppression de la TVA sur les produits de première nécessité et l’exemption d’impôt sur le revenu pour les moins de 30 ans ont été repoussées. Julien Odoul, député RN de l’Yonne, justifie ces ajustements par les urgences prioritaires comme le pouvoir d’achat et la réduction de la TVA sur les énergies et le carburant.
Jordan Bardella a évoqué sur Europe 1 la nécessité de gérer une situation financière « de quasi-faillite » du pays, avec 3 000 milliards de dettes publiques. Le RN promet de lancer un audit des finances publiques et de lutter contre la fraude sociale et l’immigration pour trouver des financements, bien que ces efforts nécessiteront du temps.
Les ajustements programmatiques du RN ont suscité des critiques, notamment de la part de Bruno Le Maire qui a mis en garde contre un potentiel « mise sous tutelle » de la France par la Commission européenne et le FMI. Gabriel Attal, le Premier ministre, a raillé les « approximations et reniements » du RN, soulignant l’absence de programme clair.
Les revirements ne sont pas nouveaux pour le RN, qui a déjà ajusté ses positions sur des sujets majeurs comme la sortie de l’Union européenne. Récemment, le vice-président du RN, Sébastien Chenu, a créé la confusion en évoquant la suppression de la double nationalité extra-européenne, une mesure pourtant abandonnée en 2022.
À mesure que les élections législatives approchent, la campagne du RN est marquée par des revirements et une certaine confusion programmatique. Jordan Bardella a même indiqué qu’il n’accepterait pas Matignon sans une majorité absolue, ajoutant une couche supplémentaire d’incertitude sur la stratégie du parti.