Alors que le second tour des élections législatives approche à grands pas, l’issue reste incertaine pour le paysage politique français. En tête du premier tour avec 33,15 % des voix, le Rassemblement national (RN) espère décrocher la majorité absolue. Cependant, plusieurs scénarios se profilent en cas d’échec. Bruno Cautrès, politologue et chercheur au CNRS et CEVIPOF, nous éclaire sur les différentes hypothèses pour l’après 7 juillet.
1. Le RN Obtient la Majorité Absolue
Si le RN parvient à sécuriser 289 sièges ou plus, Emmanuel Macron devra nommer Jordan Bardella comme Premier ministre. « Cela entraînerait une période de cohabitation, que la France a déjà connue trois fois », explique Bruno Cautrès. Dans ce cas, Bardella aurait la liberté de former son gouvernement et de gouverner. Toutefois, le président Macron conserverait des pouvoirs significatifs, comme l’avait fait François Mitterrand en 1986 en refusant de signer certaines ordonnances du gouvernement Chirac.
2. Majorité Relative pour le RN ou le Nouveau Front Populaire
L’obtention d’une majorité relative par le RN ou le Nouveau Front Populaire (NFP) complique la situation. Jordan Bardella a déclaré qu’il refuserait Matignon sans majorité absolue. « Cependant, s’ils remportent en voix et en sièges, la pression pour prendre le pouvoir serait immense », nuance Cautrès. Un Premier ministre du RN ou du NFP pourrait être nommé et devoir composer avec des majorités à géométrie variable, rendant le gouvernement instable et susceptible d’être renversé par une motion de censure.
3. Une Coalition Anti-RN
Pour empêcher l’arrivée de Jordan Bardella au pouvoir, une large coalition contre le RN pourrait se former. Toutefois, cette option présente des défis majeurs. « La mise en place d’une telle coalition soulèverait des questions de légitimité démocratique et pourrait aggraver la fracture entre les électeurs et le système politique », prévient Bruno Cautrès. L’opposition des insoumis à cette idée rend également sa réalisation peu probable.
4. Un Gouvernement de Technocrates
Face à un blocage institutionnel, l’idée d’un gouvernement technocratique, similaire à celui de Mario Draghi en Italie, est parfois évoquée. Ce gouvernement, composé d’experts apolitiques, pourrait gérer le pays temporairement. « Toutefois, la légitimité de ce gouvernement serait contestée, notamment pour des décisions cruciales comme le budget », souligne Cautrès.
5. Démission d’Emmanuel Macron
En dernier recours, la démission d’Emmanuel Macron pourrait devenir une option, surtout si le blocage politique persiste. « Le président doit attendre un an avant de pouvoir dissoudre l’Assemblée. Si toutes les solutions échouent, sa démission pourrait devenir la réponse à la question : qui doit diriger le pays ? », conclut Bruno Cautrès.
L’issue du second tour des législatives reste cruciale pour l’avenir politique de la France. Que le RN obtienne ou non la majorité absolue, les prochains jours seront décisifs pour déterminer la stabilité et la direction du gouvernement français.