Michel Barnier, récemment nommé Premier ministre, a soulevé une vive inquiétude au sein de sa coalition en évoquant la possibilité d’une augmentation des impôts. Cette idée pourrait le mettre en difficulté, tant parmi les Républicains que chez les macronistes, des soutiens essentiels à son gouvernement.
Depuis 2017, Emmanuel Macron avait fait de la baisse des impôts l’un des piliers de son action, avec 50 milliards d’euros de réduction. Pourtant, la situation budgétaire actuelle, marquée par un déficit public pouvant atteindre 5,6 % du PIB cette année, menace cet équilibre. Barnier, lors de sa première interview après sa nomination, avait déjà laissé entrevoir un changement de cap, soulignant la nécessité d’une plus grande « justice fiscale ».
L’idée d’une hausse des prélèvements a été évoquée de manière plus explicite lors d’une réunion de députés macronistes. Selon des informations rapportées par Le Parisien, Gérald Darmanin, alors ministre de l’Intérieur, a mentionné que Barnier avait abordé à plusieurs reprises une éventuelle hausse des impôts, notamment sur les hauts revenus.
Cette perspective n’a pas manqué de susciter des remous. Si certains membres de la majorité présidentielle pourraient être tentés de soutenir des mesures favorisant une redistribution plus équitable, les Républicains, eux, restent fermement opposés à toute augmentation des impôts. Laurent Wauquiez, chef de file des députés LR, a réaffirmé leur position : « Nous avons besoin d’une politique de droite, sans hausse d’impôts ».
Du côté du Rassemblement national, Jean-Philippe Tanguy a précisé que le soutien de son parti pourrait être envisageable à condition que la hausse d’impôts vise les plus riches et les grandes entreprises, en échange d’une réduction de la pression fiscale sur les classes moyennes et populaires.
Barnier, à la tête d’une coalition instable et sans gouvernement formé, marche donc sur une corde raide. Chaque décision fiscale qu’il prendra pourrait faire basculer les équilibres déjà précaires sur lesquels repose sa majorité. Quant à la gauche, elle semble attendre les détails des mesures avant de se prononcer, laissant le Premier ministre face à un jeu d’alliances délicat.