À peine dévoilée, la nouvelle équipe gouvernementale dirigée par Michel Barnier fait déjà face à une avalanche de critiques de la part des oppositions. Samedi soir, après l’annonce de la composition du gouvernement, les responsables politiques de tous bords n’ont pas tardé à exprimer leur mécontentement, certains allant jusqu’à évoquer une motion de censure imminente.
Le Rassemblement national en première ligne
Jordan Bardella, président du Rassemblement national, a été l’un des premiers à réagir sur le réseau X (anciennement Twitter), qualifiant le gouvernement Barnier de “retour du macronisme” et affirmant qu’il n’a “aucun avenir”. Ce constat est partagé par Marine Le Pen, présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale, qui déplore un exécutif “en décalage total avec le désir de changement exprimé lors des dernières élections législatives”.
Selon les opposants, la nouvelle composition gouvernementale reste trop marquée par la présence de membres issus du camp présidentiel, compromettant ainsi toute possibilité d’alternance véritable. Pour Le Pen, cette équipe ne fait que prolonger un système politique désavoué par une partie de l’électorat.
Mélenchon dénonce un gouvernement de “perdants”
À gauche, Jean-Luc Mélenchon, figure de proue de La France insoumise, n’a pas manqué de critiquer violemment ce qu’il considère comme un “retour des perdants des élections législatives”. Mélenchon cible particulièrement Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur et ancien président du groupe LR au Sénat, dont il craint l’influence sur la politique sécuritaire à venir. “Cette coalition n’a ni légitimité ni avenir”, a-t-il prédit, appelant à la défaire au plus vite.
Pour Mélenchon, le gouvernement Barnier symbolise la continuité d’une politique qu’il juge néfaste et déconnectée des réalités sociales et politiques actuelles. Le retour de figures de la droite classique au sein de l’exécutif est perçu comme un nouvel affront à la volonté de changement exprimée lors des élections.
La gauche parle d’une “trahison démocratique”
Du côté du Parti socialiste, Boris Vallaud, président du groupe à l’Assemblée, n’a pas mâché ses mots, qualifiant cette nouvelle équipe de “remaniement masqué” et accusant le président Barnier de poursuivre “le macronisme en pire”. Selon Vallaud, ce gouvernement représente une “trahison du vote des Français”, et il annonce que les socialistes se mobiliseront pour faire tomber cette équipe via une motion de censure.
Olivier Faure, secrétaire général du PS, a lui aussi dénoncé un “bras d’honneur à la démocratie”, rappelant que le Nouveau Front populaire (NFP), coalition de gauche, était arrivé en tête des élections législatives de juillet. Cette coalition, qui se voulait porteuse d’un projet de rupture avec la politique du précédent quinquennat, voit dans le gouvernement Barnier un retour en force de la droite au pouvoir, malgré les résultats des urnes.
Écologistes et NFP : un gouvernement “contre nature”
Marine Tondelier, présidente des écologistes, a vivement critiqué la composition de ce nouveau gouvernement, qu’elle décrit comme “contre nature et contre la nature”. Elle fustige un exécutif qui, selon elle, ignore les enjeux environnementaux et s’aligne sur une politique de droite dure. Même son de cloche du côté de Lucie Castets, candidate du NFP pour Matignon, qui voit dans ce remaniement “la fin d’un suspense inutile” et dénonce une “humiliation” pour la démocratie.
Vers une motion de censure ?
Face à cette fronde généralisée, une motion de censure est d’ores et déjà envisagée par l’opposition de gauche. Toutefois, pour qu’elle puisse aboutir, les voix de l’extrême droite seraient nécessaires, une alliance de circonstance qui ne manquerait pas de faire débat. Les lignes de fracture sont profondes, mais l’objectif commun de renverser ce gouvernement pourrait temporairement rapprocher des opposants idéologiquement éloignés.
Les Républicains divisés
Enfin, Éric Ciotti, figure des Républicains qui a scellé une alliance avec le RN, a lui aussi pris position contre le gouvernement Barnier, qualifiant ce dernier de “continuation du macronisme, source de la faillite nationale”. Selon Ciotti, ce gouvernement ne représente qu’un assemblage de ralliés de diverses sensibilités politiques, mais sans véritable projet de rupture.
Alors que l’équipe gouvernementale de Michel Barnier commence à peine son mandat, elle se trouve déjà sous le feu d’une contestation générale. Si la motion de censure se concrétise, le gouvernement pourrait se retrouver face à un premier test de solidité bien plus tôt que prévu.