La leader de la CGT, Sophie Binet, critique sévèrement la politique industrielle du gouvernement face à la possible vente de Doliprane à un fonds d’investissement américain.
Sophie Binet n’a pas mâché ses mots. Lors de son intervention ce mardi sur TF1, la secrétaire générale de la CGT a fustigé la potentielle vente de la marque Doliprane, détenue par Sanofi, à un investisseur américain. Elle a qualifié cette opération de « symbole d’un échec retentissant de la politique industrielle d’Emmanuel Macron ». Pour Binet, cette cession illustre une tendance inquiétante où « l’État abandonne son rôle au profit des multinationales », permettant à celles-ci de « dicter leurs propres règles ».
Sanofi, acteur clé de l’industrie pharmaceutique en France, a touché environ « un milliard d’euros de crédit d’impôt recherche au cours des dix dernières années », a rappelé la syndicaliste. Pourtant, les effectifs dans ses laboratoires français ont été réduits de moitié sur la même période. Elle a donc réitéré l’importance de « conditionner les aides publiques aux créations d’emplois » et non aux seules performances économiques des entreprises. « Le coût de fabrication d’une boîte de Doliprane est de 15 centimes, et pourtant elle est vendue 2 euros en pharmacie. Cela montre bien la rentabilité énorme du produit, mais cela ne suffit apparemment pas à Sanofi », a-t-elle ironisé.
Des critiques envers l’inaction de l’État
Sophie Binet a également dénoncé le rôle de l’État dans cette affaire, soulignant un manque de contrôle sur les décisions stratégiques des entreprises françaises. « Le véritable scandale, c’est qu’on a un gouvernement qui laisse Sanofi décider seule de l’avenir d’un produit aussi emblématique. Il semble y avoir une proximité troublante entre les dirigeants de Sanofi et les sphères du pouvoir », a-t-elle insinué, faisant allusion aux liens personnels entre le président de Sanofi, Frédéric Oudéa, et l’ancienne ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra.
L’annonce par Sanofi de la sélection du fonds d’investissement américain Clayton, Dubilier & Rice (CD&R) pour la reprise de sa filiale Opella, qui détient Doliprane, a soulevé de nombreuses questions sur l’impact de cette vente. La crainte grandit quant aux implications pour la souveraineté sanitaire française et l’avenir des 250 salariés de l’usine de Lisieux, en Normandie, directement concernés par cette transaction.