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Pourquoi des adversaires de Marine Le Pen s’opposent à sa possible inéligibilité

Une possible inéligibilité de Marine Le Pen, requise par le parquet dans le cadre du procès des assistants parlementaires du Rassemblement national, suscite des réactions inattendues jusque parmi ses adversaires politiques.

Coup de tonnerre dans le paysage politique français : le parquet a requis cinq ans d’inéligibilité contre Marine Le Pen, en plus d’une peine de prison, dans l’affaire des assistants parlementaires européens du Rassemblement national. Une exécution provisoire a également été demandée, ce qui rendrait cette inéligibilité effective dès le jugement, même en cas d’appel. Une décision de justice qui, si elle était suivie, priverait la triple candidate à l’élection présidentielle d’une nouvelle course en 2027.

Une décision perçue comme un “déni de démocratie”

Les soutiens de Marine Le Pen ont rapidement dénoncé une « manœuvre politique » visant à exclure leur figure de proue. Pourtant, l’émotion dépasse largement les rangs du RN. Gérald Darmanin, ancien ministre de l’Intérieur et adversaire assumé de la cheffe du parti, s’est fermement opposé à une éventuelle inéligibilité, évoquant une menace pour le fonctionnement démocratique. « Ce n’est pas aux tribunaux d’écarter une candidate. Le combat contre Marine Le Pen doit se mener dans les urnes, pas ailleurs », a-t-il déclaré, insistant sur l’importance de ne pas aggraver la défiance entre les Français et leurs institutions.

Dans le même esprit, le maire de Nice, Christian Estrosi, a exprimé son inquiétude face à une potentielle exclusion judiciaire du débat politique. « Si elle doit être condamnée, qu’elle le soit, mais priver les électeurs d’un choix en 2027 serait une erreur démocratique », a-t-il souligné.

Éric Zemmour dénonce une “justice politique”

Même Éric Zemmour, pourtant connu pour ses attaques virulentes contre Marine Le Pen, s’est insurgé contre l’idée d’une inéligibilité imposée par la justice. « Cela reviendrait à confier à des juges le pouvoir de décider qui peut ou non se présenter à une élection présidentielle. C’est intolérable dans une démocratie digne de ce nom », a-t-il martelé, rappelant que le suffrage universel reste le socle de la République.

Un débat autour de la législation

Cependant, d’autres responsables politiques ont tenu à rappeler que ces réquisitions s’appuient sur une loi existante, votée par des élus du peuple. Sacha Houlié, ancien député macroniste, a ainsi mis en avant la légitimité des juges à appliquer cette législation, tout en appelant à un débat parlementaire pour revoir l’automaticité des peines d’inéligibilité. Une piste également évoquée par Christian Estrosi, qui y voit un moyen de préserver le débat démocratique.

La décision du tribunal, attendue avec impatience, pourrait redéfinir les règles du jeu politique en France et marquer un tournant décisif dans la carrière de Marine Le Pen. En attendant, cette affaire soulève des questions fondamentales sur l’équilibre entre justice et démocratie, au cœur même du contrat républicain.