Lors d’une conférence de presse ce mardi matin, le Premier ministre François Bayrou a esquissé les grandes lignes du budget 2026, appelant à une prise de conscience collective face à la situation économique du pays. Un discours grave, sans annonces concrètes, mais avec des orientations claires.
« L’heure de vérité est arrivée » : c’est sur ce ton solennel que François Bayrou a abordé, ce mardi, l’état des finances publiques françaises lors d’une conférence de presse à Matignon. À quelques mois de la présentation du projet de loi de finances pour 2026, attendue « avant le 14 juillet », le chef du gouvernement a dressé un tableau préoccupant de l’économie nationale et esquissé les pistes d’action envisagées. Si aucun chiffre précis n’a été avancé sur les économies à réaliser, le cap est désormais tracé.
Une dette menaçante, une production insuffisante
Pour François Bayrou, la racine du mal est claire : « La France ne produit pas assez, et elle travaille trop peu. » Le Premier ministre a pointé du doigt la faiblesse du taux d’emploi, notamment chez les jeunes et les seniors, et une productivité par habitant inférieure à celle de ses voisins européens. Résultat : des recettes insuffisantes, une dette publique colossale – estimée à plus de 3.300 milliards d’euros cette année – et un déficit que le gouvernement veut impérativement réduire.
La dette, a-t-il martelé, est devenue « un piège potentiellement irréversible », qui pourrait coûter jusqu’à 100 milliards d’euros par an en 2029 si les taux d’intérêt venaient à s’envoler. « Aucun gouvernement ne résisterait à un tel choc », a-t-il prévenu, insistant sur l’urgence de réagir.
Une révision des dépenses publiques, mais sans brutalité
Refusant l’idée d’une hausse des impôts, jugée « intenable », François Bayrou a défendu une réduction progressive mais ferme des dépenses publiques. La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a évoqué une cible de réduction de 6 % d’ici à 2029. Parmi les leviers envisagés : la lutte contre les arrêts maladie jugés excessifs, la rationalisation des achats de l’État, la suppression ou la fusion de certains organismes publics, et une remise en question de certaines formes de gratuité dans les services publics.
Mais le Premier ministre s’est montré prudent : « Il ne s’agit pas de sabrer, mais de refonder. » Il appelle à une « remise à plat » des missions de l’administration pour en accroître l’efficacité, estimant que les citoyens « n’en ont pas pour leur argent ».
Trois milliards de plus pour la défense
Dans un contexte géopolitique qu’il qualifie de « tourmenté », notamment depuis l’invasion de l’Ukraine et les incertitudes sur l’engagement des États-Unis en Europe, François Bayrou a annoncé une hausse de trois milliards d’euros du budget de la défense en 2026. Une priorité stratégique, selon lui, pour permettre à l’Union européenne de se doter d’une véritable autonomie militaire.
« L’effort français sera renforcé, mais il doit s’inscrire dans un mouvement collectif européen », a-t-il insisté, appelant à un « immense effort partagé » au niveau du continent.
Quatre priorités, une ambition
Quatre axes structureront le futur budget : renforcer la défense, réduire l’endettement, réorganiser l’action publique, et stimuler la croissance. Sur ce dernier point, le Premier ministre espère relancer l’activité par la réindustrialisation du pays. « Cela doit devenir une obsession nationale », a-t-il lancé.
Enfin, François Bayrou a affirmé vouloir aller vite : les grandes lignes du budget seront rendues publiques avant le 14 juillet, afin de lancer une phase de concertation. « La survie de notre pays est en jeu », a-t-il conclu, appelant à une mobilisation générale autour de ce qu’il présente comme un tournant décisif.