La bataille autour de la fiscalité des grandes fortunes s’annonce l’un des temps forts du débat budgétaire. Lundi soir, les députés membres de la commission des Finances ont rejeté la proposition de créer une taxe minimale sur les patrimoines dépassant 100 millions d’euros. Inspirée des travaux de l’économiste Gabriel Zucman, cette mesure, baptisée par ses partisans « taxe Zucman », devait instaurer un impôt de 2 % sur les très grandes fortunes.
Une mesure emblématique de la gauche
Portée par l’ensemble des groupes de gauche – La France insoumise, les socialistes, les écologistes et les communistes–, la taxe visait à rétablir ce qu’ils qualifient de « justice fiscale ».
« Ce ne sont pas les contribuables ordinaires mais bien les ultra-riches, ceux qui multiplient les stratégies d’optimisation, que nous visons », a fait valoir la députée écologiste Eva Sas, estimant que la mesure ne concernerait qu’une infime minorité de Français. Le socialiste Mickaël Bouloux y a vu « un signal de justice et d’efficacité économique », arguant que « les grandes fortunes peuvent contribuer davantage à l’effort collectif ».
Une opposition frontale du centre et de la droite
Du côté de la majorité présidentielle et des Républicains, le ton est tout autre. Le rapporteur général du budget, Philippe Juvin (LR), a dénoncé une proposition « démagogique et économiquement dangereuse ». Selon lui, la France figure déjà parmi les pays les plus imposants pour les hauts patrimoines, et une telle taxe risquerait de « décourager les investisseurs » et de « fragiliser les entreprises innovantes encore non rentables ».
Le Rassemblement national s’est lui aussi prononcé contre, redoutant un impact négatif sur l’économie réelle. « Rien ne garantit que les biens professionnels seront exclus du calcul », a averti le député Jean-Philippe Tanguy, qui craint « une nouvelle vague de désindustrialisation ». Le RN reproche par ailleurs à la gauche de refuser sa propre proposition de taxation ciblée sur les actifs financiers.
Le débat se poursuit dans l’hémicycle
Malgré ce premier revers en commission, la « taxe Zucman » n’a pas disparu du texte budgétaire. Le gouvernement a confirmé que la mesure serait de nouveau discutée vendredi dans l’hémicycle, lors de l’examen du projet de loi de finances 2026.
Le débat, éminemment politique, devrait cristalliser les tensions entre partisans d’une redistribution accrue des richesses et défenseurs de la compétitivité économique.