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Présidentielle 2027 : La gauche anti-Mélenchon est-elle lancée dans une mission impossible ?

À mesure que 2027 se rapproche, les tensions s’exacerbent au sein du camp progressiste.
Alors que Jean-Luc Mélenchon semble se diriger sans ambiguïté vers une nouvelle candidature à l’élection présidentielle, les autres forces de gauche peinent toujours à définir une stratégie commune. Et les tentatives de s’organiser ressemblent, aux yeux de beaucoup, à une équation impossible.

Une candidature Mélenchon quasi-acquise

Dans les rangs de La France insoumise, l’affaire paraît entendue : le tribun des précédentes campagnes présidentielles se positionne déjà comme le candidat naturel de son mouvement. Les insoumis disposent d’équipes rodées, d’une base militante structurée et d’une visibilité médiatique acquise au fil des scrutins passés. De quoi rendre particulièrement difficile l’émergence d’une figure alternative à gauche.

« Mélenchon a installé une puissance de feu impressionnante », reconnaît un député socialiste. Avec près de 20 % des voix en 2017 puis plus de 21 % en 2022, le leader insoumis continue de polariser le vote de gauche. Reste que certains élus assurent que son poids politique est en partie lié à l’absence d’autres candidats jugés crédibles lors des précédentes échéances. Selon eux, le contexte pourrait être bien différent en 2027.

Une gauche réformiste en quête d’incarnation

Face à cette domination, les autres composantes du camp progressiste tentent de s’organiser. Raphaël Glucksmann, très critique envers Mélenchon, ne cache plus sa volonté de porter une ligne sociale-démocrate assumée. Lors d’un déplacement récent en Île-de-France, il s’est affiché avec des figures de la gauche réformiste, dont François Hollande et Bernard Cazeneuve, dans une démonstration d’unité autour d’un projet alternatif.

Parallèlement, Olivier Faure et Marine Tondelier, rejoints par François Ruffin et d’autres responsables politiques, défendent l’idée d’un rassemblement capable de dépasser les clivages internes. Leur conviction : seule une candidature commune pourrait empêcher la gauche d’être éliminée dès le premier tour.

Une primaire… ou pas ?

Socialistes et écologistes ont même fixé un cap : une primaire à l’automne 2026 pour désigner un candidat unique. Un petit séisme dans un paysage fragmenté. Mais encore faut-il que tous acceptent d’y participer. Et c’est là que la machine se grippe.

Glucksmann rejette catégoriquement l’idée d’une primaire. Ses proches estiment qu’il serait illogique de se plier à un processus susceptible d’investir un candidat défendant une orientation politique incompatible avec la leur. « On ne va pas laisser croire qu’on pourrait soutenir quelqu’un dont on combat les idées », tranche un membre de son entourage.

Ce refus fragilise d’emblée le projet de primaire, d’autant qu’il concerne l’un des prétendants les mieux placés dans les sondages. Au Parti socialiste, la décision d’Olivier Faure d’y participer fait d’ailleurs grincer des dents : certains cadres dénoncent une initiative prise sans véritable consultation interne, renvoyant la balle aux militants après les municipales.

Une course où il n’y aura pas de place pour tout le monde

À moins de deux ans de la présidentielle, les incertitudes demeurent nombreuses. Alliances, calendrier, lignes programmatiques : rien n’est stabilisé. Plusieurs élus reconnaissent en privé que la gauche ne pourra envoyer au premier tour qu’une seule candidature capable de rivaliser avec la droite et l’extrême droite. Et pour l’heure, Jean-Luc Mélenchon est le seul à occuper pleinement cet espace.

« En dehors de lui, il ne pourra pas y avoir deux candidats sérieux », confie un responsable socialiste. De quoi laisser penser que, si la gauche veut peser en 2027, elle devra d’abord résoudre ses contradictions internes. Une mission qui, pour l’instant, ressemble fort à un casse-tête.