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A Créteil, Bernard Cazeneuve part en campagne et prend la tête de la gauche anti-Nupes

« Un passé glorieux, un avenir ambitieux » : le slogan de l’US Créteil Handball à l’entrée du palais des sports de la ville résumait finalement bien les objectifs de ce premier grand meeting de La Convention, ce samedi. La Convention ? « Moins qu’un parti mais plus qu’un club » créé par Bernard Cazeneuve pour rassembler les sociaux-démocrates esseulés par la création de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes), en dehors mais aussi à l’intérieur d’un PS décrit comme soumis au diktat des insoumis.

Tout ce que la gauche compte d’opposants à la Nupes était dans la salle (l’ancien président François Hollande, le maire de Montpellier Michaël Delafosse, l’ancien patron du PS Jean-Christophe Cambadelis…) ou en vidéo (la présidente de l’Occitanie Carole Delga, les maires de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol et du Mans Stéphane Le Foll…). Devant eux, Bernard Cazeneuve a livré un long discours, dont on n’a pas toujours bien compris si son ampleur en faisait un discours fondateur ou, carrément, de candidature. « Quand on a été candidat douze fois, rien n’empêche de l’être une treizième fois », a lancé l’ancien premier ministre. Il l’assure : « Vous pouvez compter sur ma détermination en toute chose. »

« Un homme qui a le sens du pouvoir »
Bernard Cazeneuve a aussi donné un tour plus personnel à sa prise de parole, parlant de ses parents pieds-noirs, de son enfance à Nîmes et de ce que lui a apporté « l’école de la République » à Creil. Il a beau nier, assurer que « la question d’une candidature ne se pose pas tant qu’il n’y a pas une force » politique autour de lui, l’ancien premier ministre n’était pas à la tribune comme le simple modérateur d’un grand débat de la gauche sociale-démocrate. L’introduction du chef du Parti radical de gauche (PRG), Guillaume Lacroix, principal allié de l’ancien député-maire de Cherbourg, était là pour éviter toute ambiguïté, en décrivant le portrait d’un candidat à ses yeux crédibles à l’Elysée : « Un homme qui a le sens du pouvoir et de la gravité du moment. »

Si on veut bien croire que dans cet objectif Bernard Cazeneuve veut « réunir les Français », on a pu se demander s’ils pouvaient s’y retrouver sur le fond. L’après-midi, à l’image de l’activité quasi quotidienne de la gauche anti-Nupes, a largement été consacré d’innombrables tentatives de définitions du mot « gauche ». Ici elle a été tantôt réformiste, sociale démocrate, laïque, républicaine, qui « aime la France », bien entendu « de gouvernement », qui « change la vie ». Un exercice auquel s’était déjà largement prêtée Anne Hidalgo l’année dernière dans sa campagne présidentielle, avec le succès que l’on sait.

Vieilles références
Sur la forme, toutes et tous, Cazeneuve pas moins que les autres, ont dessiné par petites touches plus ou moins subtiles tout ce qu’il ne faudrait pas faire pour que la gauche revienne au pouvoir : en clair, du Mélenchon. Jamais cité, on ne compte en revanche plus les références au « bruit » et à la « fureur » du leader insoumis, les critiques contre la « stratégie de conflictualité ».

Bien sur, le RN est son « seul adversaire », mais la plupart du temps quand il aborde le sujet de l’extrême droite, c’est pour taper sur la Nupes. Bernard Cazeneuve a finalement brièvement et tardivement dans le discours attaqué l’injustice de la politique du président, mais aussi fait applaudir certaines de ses mesures, comme le dédoublement des classes de CP. « Ils se sont fait élire comme la gauche de Michel Rocard, ils ont gouverné comme la droite de Guizot », a dénoncé Bernard Cazeneuve, pas avare de références très très anciennes. L’ancien premier ministre s’est référé un nombre incalculable de fois à Mitterrand, à Mendès France aussi.

Avantage Cazeneuve dans la gauche anti-Nupes
« Il y aura d’autres références dans d’autres discours », s’échappe Cazeneuve quand on lui demande si ce sont les références adéquates à la France de 2023. S’ils s’en défendent, ce qui marque le plus c’est la nostalgie qui règne chez les intervenants et dans le public. L’après-midi a d’ailleurs commencé par un petit film très applaudi sur les grandes heures de la gauche depuis la création du PS en 1905 jusqu’à la victoire de François Hollande en 2012. Bernard Cazeneuve a même introduit son discours en saluant la présence de la veuve de Michel Rocard et la famille de Pierre Bérégovoy. La nostalgie va même jusqu’aux références esthétiques : le petit clip de La Convention ressemble à s’y méprendre au mythique clip de campagne de François Mitterrand en 1988.

Dans l’amicale de la gauche anti-Nupes, Bernard Cazeneuve ressort sans doute renforcé après avoir réuni au moins 2.000 personnes. On se demande même si ses invités et « amis », qui pour certains et certaines nourrissent aussi quelques ambitions présidentielles, n’ont pas un peu été mis devant le fait accompli d’un quasi-discours de candidature. Au-delà de ces cercles, on se gardera bien de dire si Bernard Cazeneuve a « un boulevard », comme il le dit, mais ce succès permet à l’ancien premier ministre d’au moins justifier l’existence de La Convention. Le problème, c’est que les nombreux « orphelins de la gauche de gouvernement » qui étaient à Créteil ce samedi ressemblaient plus à aux grands pères et grands mères de cette gauche qu’à l’avant-garde du renouveau de la sociale démocratie.