Dans une annonce radicale, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a dévoilé dimanche un projet de révision constitutionnelle visant à abolir le droit du sol à Mayotte, île française située dans l’océan Indien. Cette décision vise à répondre à la crise persistante qui affecte ce 101e département français depuis plusieurs semaines, suscitant un débat intense au sein de la classe politique.
Le droit du sol, principe par lequel un enfant né sur le territoire français de parents étrangers peut obtenir la nationalité à sa majorité, est au cœur de cette controverse. Selon les termes de cette mesure, il ne serait désormais plus possible de devenir français à Mayotte sans avoir au moins un parent de nationalité française.
Cette décision survient dans un contexte où l’île est confrontée à des défis majeurs, notamment en matière d’insécurité et d’immigration incontrôlée. Le département, considéré comme le plus pauvre de France, subit depuis des années un afflux massif d’immigrants en provenance des Comores et d’autres pays d’Afrique. En 2018, une première réforme avait déjà durci les conditions d’acquisition de la nationalité française à Mayotte, ce qui avait notablement réduit le nombre de demandes acceptées.
Gérald Darmanin justifie cette nouvelle mesure en affirmant qu’elle réduira l’attrait de l’île pour l’immigration clandestine. En effet, le nombre croissant de naissances à Mayotte, où 44% des enfants ont deux parents étrangers, laisse présager une augmentation future des demandes de nationalité. Actuellement, près de la moitié de la population de l’île, soit environ 310 000 habitants, ne possède pas la nationalité française.
Un projet de loi devrait être présenté à l’Assemblée nationale dans les semaines à venir, après une concertation avec les ministres concernés à l’Élysée. Cette annonce a suscité des réactions mitigées au sein de la classe politique. Si la gauche critique vivement cette mesure, la droite, notamment représentée par le Rassemblement national, Reconquête et Les Républicains, l’a plutôt saluée. Cependant, des voix de la droite, telles qu’Eric Ciotti, appellent également à étendre cette suppression du droit du sol à l’ensemble du territoire français.
Néanmoins, cette initiative ne fait pas l’unanimité et met sous pression l’exécutif. Avec la droite qui entend peser dans les discussions, le gouvernement devra naviguer avec prudence pour faire aboutir cette révision constitutionnelle, conscient que les voix des élus LR seront cruciales lors d’un éventuel vote au Congrès pour modifier la Constitution.